« Au revoir, Marc »
Jeune officier traitant « organisation-effectifs » en 2001, à l’état-major de l’armée de Terre, je m’étais vu attribuer le « chantier ORG » - selon le jargon du BOE d’alors – outre-mer et étranger (OME).
L’année suivante, le colonel Renard, chef de bureau, avait jugé utile que le traitant OME « tourne» sur les théâtres dont il était chargé, à commencer par les FFDJ, en clair Djibouti. C’est une période à laquelle, outre l’état-major interarmées (EMIA) se trouvait sur chaque territoire OME un commandant les éléments Terre, le COMTERRE, entouré de son propre état-major.
Ces prolégomènes pour en arriver au coeur de cet éditorial : à mon arrivée à Djibouti, j’allais faire la connaissance du COMTERRE FFDJ, le colonel Marc Delaunay. Officier de cavalerie dans le style, officier de Légion dans l’allure, le colonel Delaunay était dans le milieu de l’OME ce qu’il est convenu d’appeler une « figure », et, depuis mon bureau de l’îlot Saint-Germain, j’en étais par avance tant soit peu impressionné. Tout autant que je l’étais de découvrir cette terre d’Afrique de l’Est où Marc Delaunay était de longue date, par ses affectations antérieures, un peu comme chez lui. On était en 2002.
Dix-sept années plus tard, en 2019, c’est le général Marc Delaunay, alors Délégué Général, qui m’accueillait à L’Epaulette.
Et j’étais cette fois encore – d’une autre façon certes – toujours un peu impressionné par l’officier, par l’homme, par la stature : une figure d’officier. Il sut pour autant, et je lui en sais gré aujourd’hui comme au premier jour, me mettre immédiatement à l’aise : le binôme Président/DG fut constitué dans l’instant et pour les 4 années qui ont suivi.
Le général Marc Delaunay a quitté, ce 31 juillet 2023 et après 12 années en exercice (ce qui est sans équivalent dans l’histoire de L’Epaulette) ses fonctions. Les lignes qui suivent ne sont pas des paroles d’usage, mais les mots sincères de reconnaissance personnelle, et que je souhaite en votre nom à tous et toutes, adresser à Marc.
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« Missions du délégué général : définir les orientations stratégiques, fédérer une équipe autour d’un projet, organiser les services de l’entreprise, RH, comptabilité…, planifier et gérer le budget global de la structure… »
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Le moins qu’on puisse dire est que le général Delaunay aura donné toute sa consistance, et même bien davantage, à cette définition générique de Wikipédia.
Marc Delaunay a, en fait, imprimé une marque déterminante à notre association, tant du point de vue de son fonctionnement – « l’organique Epaulette », peu visible et pourtant crucial - , comme responsable vigilant et bienveillant du siège, à Vincennes puis à Paris, que dans son rayonnement : rayonnement par ses interventions auprès des élèves – la dernière fin juillet à Coëtquidan avec les ODS de l’année - , auprès des promotions, auprès du monde combattant via le Comité National d’Entente ou en dehors de lui, auprès de la société civile où son réseau personnel est sans égal, auprès du monde de l’entreprise, et au sein de notre propre Institution bien sûr.
Rayonnement en animant quotidiennement – au sens premier de ce terme – un réseau Facebook de L’Epaulette devenu véritablement la Revue de presse numérique de l’officier français, c’est en tout cas l’usage que j’en fais, sans d’ailleurs lui trouver d’équivalent dans les publications que je reçois par ailleurs. Rayonnement en s’assurant que notre Revue, ce « totem » de L’Epaulette soit à la hauteur, trimestre après trimestre, de sa réputation de revue de prestige. Rayonnement en travaillant avec Stéphane à ce que notre site, encore tout jeune, prenne son rythme.
Rayonnement enfin dans le domaine particulier de la transition professionnelle, où l’action personnelle du général Delaunay, via CAP2C ou de façon plus informelle, via ses relations avec le MEDEF, a permis à nombre d’officiers de poursuivre une carrière civile après celle passée sous l’uniforme.
Et puis bien sûr, Marc Delaunay c’est un style. Un style mêlant l’officier de cavalerie, l’IA de la Belsunce (la promo du Carrefour de la Rangers, quand même !), l’officier de Spahis et de Légion Etrangère.
Chacun comprend, lisant cela, qu’il nous manque déjà, comme il manque à L’Epaulette. Par bonheur, même si c’est dans un autre cadre, on va se revoir !
Je remercie infiniment le général Delaunay pour l’empreinte laissée à notre association, pour longtemps.
Septembre marque la reprise, après la traditionnelle coupure estivale. Période que chacun aborde à sa façon : on voyage, on se pose, on « se ressource », on voit de la famille. Dans tous les cas, c’est en principe « séquence REMEC »...
Sans altérer l’impression de bel été que chacun d’entre vous, je le souhaite, aura retiré de ses vacances, je relève, comme président d’une association d’entraide dont c’est aussi le rôle, que la vie et ses drames, eux, n’ont pas fait de pause. Nous avons perdu, en août, deux jeunes officiers d’infanterie récemment issus de l’EMIA : le lieutenant Paul Lebel (promotion général Eblé) et le lieutenant Michel Gauthier (promotion Armée des Alpes).
Des disparitions qui, comme souvent, nous laissent entre incompréhension et sidération, nous l’avons tous vécu, nous le vivons, dans nos vies personnelles. J’adresse mes très, très sincères condoléances, au nom de l’ensemble de L’Epaulette, à leurs familles, à leurs camarades, à leurs promotions.
D’une certaine façon, cela fait en définitive le lien avec le dossier central de ce numéro, consacré à la Solidarité. Avec mes remerciements au vice-président Pflimlin, qui en est l’initiateur, et à tous les contributeurs.
Au moment de clore cet éditorial, je vous donne à présent rendez-vous, à toutes et tous, à L’Ecole Militaire le 9 décembre prochain pour notre « AG », lors de laquelle le général d’armée Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre viendra, et c’est une première depuis plusieurs années, s’adresser en personne aux adhérents de L’Epaulette : tous présents à l’amphi de Bourcet le 9 décembre prochain !
Bonne lecture et bonne rentrée à tous et toutes.
Fidèlement
Général (2s) de corps d’armée Richard André
Président de l'Épaulette.